mardi 24 avril 2018

Avis : Les brumes de Key West de Vanessa Lafaye


Oui, aujourd’hui encore je vais te parler d’un roman du cercle Belfond, un coup, de cœur pour l’histoire et l’héroïne du roman Alicia. 
J’ai dévoré ce roman, une fois commencé, il me fallait savoir ce qui avait bien pu se passer en 1993. 
Je te raconte tout de suite le pitch de départ. 
Comme d’habitude, je suis entrée dans ce roman en n’en sachant rien, je connaissais juste l’autrice, aujourd’hui décédée, pour son autre roman paru chez Belfond : « Dans la chaleur de l’été » que j’avais aussi beaucoup aimé. 
Quelle histoire passionnante que ce voyage à Key West ! À la fin du roman, Vanessa Lafaye te dit pourquoi elle a voulu écrire sur cette histoire vraie, cela n’a fait que renforcer mon amour pour ce roman. 

1993 ; Key West, une vieille dame assassine de sang-froid un homme aussi âgé qu’elle, il assistait à un rassemblement du Ku Klux Klan. 
Le chef de police à la veille de sa retraite est chargé de l’affaire, la dame ne fait que répéter : 
« j’ai tiré. C’est moi. » 
Quand son identité est révélée, il est le seul, semble-t-il, à ne pas connaître la Rosita negra. 

1919, Alicia est à bord du paquebot qui l’emmène à Key West, son père l’a chassée de sa maison, elle a dû quitter sa ville et son pays, Cuba, La Havane, elle a été envoyée chez cette cousine Beatriz qu’elle ne connaît guère pour y travailler dans un salon de thé. 
Sur le quai de Key West John récemment débarqué du bateau, qui le ramène de la Première Guerre mondiale attend son tour pour pouvoir rejoindre son bar et son père. 
À l’arrivée du bateau, Alicia est accueillie par sa cousine, en compagnie d’un jeune garçon, Dwayne, étrange… pourquoi l’appelle-t-il mademoiselle Pearl ? 
Alicia n’est pas au bout de ses surprises quand elle traverse les rues de Key West, habituée à ce que les gens se retournent sur cette jolie métisse, ce n’est pas ça qui la choque, mais la différence de culture, elle voyait l’Amérique comme un pays civilisé. 
Key West a l’air sorti d’un livre de conte, tant ce qu’elle y voit est étrange, cosmopolite si loin de ce qu’elle connaît. 
Quand elle franchit la porte du salon de thé, la jeune et frêle Alicia ne pourra plus être plus triste et atterrée, en fait de lieu bien sous tout rapport, le salon de thé de Beatriz est en fait un bordel. 
Alicia sera hôtesse d’accueil. 
À partir de là, je te laisse découvrir le roman. 
Si je prends la peine de te citer dans le pitch John, Dwayne et Beatriz c’est que ces trois personnes vont changer la vie d’Alicia à tout jamais. Deux d’entre eux, John et Dwayne sont les principaux personnages avec Alicia. 

D’emblée, j’ai été embarquée par le récit de cette dame âgée de 96 ans, je me doutais bien que si elle avait tué un membre du Ku Kux Klan c’était qu’elle devait avoir ses raisons, mais lesquelles ? 
Vanessa Lafaye t’emmène ensuite assez rapidement en 1919 et tu devras attendre la fin du roman pour comprendre ses raisons. 
Un retour dans le passé qui va t’amener à suivre Alicia, John et Dwayne.

Cette lecture fut passionnante, déchirante et révoltante. 
Dure à certains passages, dire que des horreurs pareilles ont eu lieu me révolte, mais j’y reviendrai plus tard. 
Je veux te parler de ce qui fait la force et toute la beauté de ce roman : Alicia.
Quand elle débarque du bateau, c’est une jeune fille de bonne famille que l’on propulse dans un milieu qu’elle ne connaît pas. 
Un endroit bien loin de la propreté et de la modernité de la maison de sa mamacita à La Havane. 
Directement, je me suis attachée à elle. 
Les raisons qui ont poussé son père à l’exiler sont terribles, elles m’ont mises en colère, mais Alicia, elle, au contraire de s’appesantir sur son malheur, de rester dans le passé, prend sa vie, son destin à bras le corps. Key West et le salon de thé de Pearl sont désormais sa vie. 
Rudoyée au début par les filles de sa cousine, Alicia fera petit à petit sa place, elle se fera respecter pour ses remèdes, Alicia a toujours eu à cœur de soigner les gens, elle a appris, ce qu’on dirait aujourd’hui la naturopathie, à cette époque la médecine de la Sancteria.
Elle se fera respecter pour ce don, mais aussi pour sa profonde gentillesse, jamais elle ne jugera ou prendra de haut les filles. 
Elle aurait pu, elle venait d’un milieu aisé, mais non. 
Cette héroïne force l’admiration. Si j’avais été à sa place, je ne pense pas que j’aurais eu ce cran. 
Pour des raisons que je ne t’explique pas et que tu devras découvrir par toi-même Alicia deviendra très vite la nouvelle Pearl. 
Pour apprendre le métier, elle se fera aider de John. Il tient le bar à côté du sien. 
Je te dis simplement qu’en plus de l’intrigue il y a une romance, une romance belle, émouvante entre deux êtres qui ont tout perdu. 
Alicia aimera de tout son cœur, de toute son âme, cet homme, mais ne voudra pas se marier. 
Elle supportera les mots employés pour la décrire, la noiraude, la bâtarde, etc. 

Plus tu vas avancer dans le roman, plus tu vas t’attacher aux protagonistes de ce roman. 
Les principaux et les secondaires comme Thomas, Félix, Paulina, Maxine, Lily et le pasteur Campbell, les parents de Dwayne. 
Tu feras connaissance d’autres intervenants certains remplis de bonté, d’autres à l’âme aussi noire que le charbon. 

John est un homme revenu de la guerre, il ne se pardonne pas un acte commis en France et ne dort plus. 
Aidé par son fidèle ami, Thomas, lui aussi métis, indien, il reprendra ses affaires même si la prohibition est proche et qu’il va falloir trouver comment s’approvisionner.
Cet homme froid, bagarreur, charismatique ne veut s’attacher à personne depuis que sa mère l’a abandonné alors qu’il n’avait que 5 ans. Il voit l’attachement comme une faiblesse, un fait que son père lui a rappelé et qu’il a toujours appliqué jusqu’ici.
Si la vie d’Alicia a radicalement changé celle de John sera elle aussi perturbée. 
Pourquoi je ne te le dis pas. 
Sache juste que quand on arrive à voir au-delà des apparences que la carapace de John se fissure tu auras affaire à un homme bon, un héros qui ne supporte pas l’injustice. 

Dwayne quant à lui n’a pas non plus été épargné durant son enfance, son père le dénigre le comparant sans cesse à son frère décédé, le pasteur est un homme violent, il traite Dwayne de bon à rien. 
Dwayne ne désire qu’une chose que son père l’aime, ou au moins qu’il fasse attention à lui. 
Pour ça, il est prêt à tout et même à accepter les idées qu’il lui met dans la tête. 
Dwayne est un jeune homme de 15 ans que tu vas à la fois aimer, détester et prendre en pitié. 

Ces trois personnages sont intimement liés tout au long du récit. 

Tu liras les ravages de la grippe espagnole, le retour difficile des soldats américains revenant de la guerre en France, les prémices du Ku Kux Klan à Key West, les horreurs qu’ils commettront. Le roman est aussi riche du côté historique que du côté fiction. 

L’autrice te narre cet épisode de l’histoire dramatique, honteux de Key West avec vraiment beaucoup de fluidité. 
Elle t’éclaire sur leurs croyances, leurs rites et leur façon de recruter. 
Ménageant le suspens, faisant battre ton cœur par la belle romance qu’il y a. 

Je ne changerai absolument rien à ce roman. 
Je suis triste de quitter ces 3 personnages surtout Alicia. 
Une véritable héroïne, forte, n’hésitant pas à montrer ses faiblesses, frappée par le malheur, elle fera face et continuera à avancer droit devant. Une femme passionnante. 

Quand Vanessa Lafaye te narre à la fin de son œuvre les noms des véritables personnages, les raisons pour lesquels elle a écrit sur ce passage de l’histoire américaine et le parallèle qu’elle fait avec le radicalisme actuel, peu importe lequel il est, tu ne peux que saluer son travail de recherche, son intelligence et son intégrité, bien sûr elle a adapté la réalité historique pour qu’elle colle à son intrigue, mais en la respectant le plus possible. 

Un roman que je te recommande à 100 % il est splendide, un page turner, une enquête et un saut dans le passé passionnant pour comprendre pourquoi cet acte a été commis, une romance qui ne dessert pas à l’intrigue, mais ne la rend que plus belle. 
Vanessa Lafaye est une autrice de la trempe de Sarah Mc Coy, Tamara McKinley, Claire Norton, Sarah Lark. Ces autrices qui te font voyager, qui te décrivent ces pays peu connus, qui te font ressentir la chaleur du soleil sur ta peau, qui te font voir les couleurs miroitantes de la mer, des fleurs, de la nature encore indomptée. 
Toutes je te les recommande, et si tu ne le sais pas encore : lis les romans du Cercle Belfond. Ils sont choisis avec soin, tous sont intéressants, tous ont en commun d’être écrit par des femmes sur des femmes. Des héroïnes comme je les aime. 

Au revoir, Alicia, je te laisse en compagnie de Pablito. Je l’entends chanter, je ressens le sable chaud sous mes pieds, j’espère que tu es bien là où tu es. 
Que tu tiens compagnie à ta créatrice. 
Cette autrice au talent immense qui nous a quittés bien trop tôt. 

Voilà mon cher lecteur, une fois de plus, mon cœur est serré à l’idée de laisser ces personnages, mais je te les donne, à toi, de découvrir cette fabuleuse histoire dans l’histoire. 
Le plus difficile, après l’avoir fini ? Trouver un roman à la hauteur... 




Les brumes de Key West de Vanessa Lafaye - traduction de Laurence Videloup - roman historique - 416 pages, 21€ - Édition Belfond, collection Le cercle, en librairie le 19 avril


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