jeudi 9 janvier 2014

La femme des dunes de Chris Bohjalian




La femme des dunes
De Chris Bohjalian
Romance historique
320 pages, 22.50 €
Editions Charleston, 10 février 2014

Alep (Syrie), 1915. Elizabeth Endicott, une jeune Américaine, arrive en Syrie durant le génocide arménien. Elle se lie d’amitié avec Armen, un ingénieur arménien qui a perdu sa femme et sa fille. Mais très vite, Armen quitte Alep pour s’engager dans l’armée anglaise. Il entame alors une correspondance avec Elizabeth et comprend qu’il est tombé amoureux de la riche Américaine, si différente de la femme qu’il a perdue.
Bronxville, banlieue de New York, 2012. Laura Petrosian, romancière, n’a jamais accordé beaucoup d’importance à ses origines arméniennes. Jusqu’au jour où une amie l’appelle : elle croit avoir reconnu la grand-mère de Laura sur une photo tirée d’une exposition au musée de Boston. Laura entreprend alors un voyage à travers son histoire familiale et découvre un terrible secret enfoui depuis des générations…

Je n’avais encore jamais lu de livre de Chris Bohjalian, il a écrit à ce jour 17 livres, quelques-uns ont été traduits en français, d’après mes recherches. Ce livre est un roman un peu plus personnel, même s’il s’agit d’une fiction, Chris Bohjalian a eu envie d’écrire en hommage à ses grands-parents, il s’est inspiré de leur histoire pour écrire son roman.
Je dois avouer que je ne connais que peu d’éléments sur le génocide arménien, j’en ai surtout entendu parler aux actualités lors d’interview de négationnistes ou de manifestants arméniens, mais je n’ai pas étudié ce pan d’histoire à l’école.
Petit aparté : je me pose cette question depuis que j’ai lu ce roman : comment se fait-il que nous étudiions les 2 guerres mondiales à l’école, et que, jamais je n’ai su que les Turcs, alliés de l’Allemagne durant la 1ere guerre mondiale, ont perpétré une extermination en masse sur un peuple dont la seule « faute » était une religion différente ?

Pour en revenir au roman, nous suivons 2 femmes, l’une en 1915, Elizabeth Endicott, partie en mission humanitaire avec son père pour aider les réfugiés arméniens et l’autre en 2012, Laura Petrosian, New-Yorkaise qui cherche à comprendre ses racines arméniennes.

Quand Élisabeth débarque à Alep, en Syrie, le génocide a déjà commencé, la toute jeune femme, tout juste diplômée de l’école d’infirmière, est directement plongée dans l’horreur et la gravité de la situation. Volontaire et déterminée, elle aidera à l’hôpital, elle essayera d’apporter un peu de réconfort aux colonnes de femmes déportées dans ce village.
Elle va très vite se lier avec Armen, un ingénieur arménien, veuf, qui travaille avec 2 Allemands, il dessine des cartes pour les futures voies ferrées.
Tandis qu’Elizabeth prend sa mission humanitaire à cœur, Armen part s’engager aux côtés des Britanniques, ils entament alors une correspondance, leur amitié évoluera au fil des échanges.
Pour ce qui est de Laura, elle remonte petit à petit les pistes du passé de ses grands-parents, le lecteur lit ses recherches, ses questionnements. C’est devenu une obsession pour elle, elle veut comprendre l’histoire de cette photographie (voir synopsis), quel lien a-t-elle avec sa famille ?

Même si je ne peux nier que certains passages sont durs, qu’on y lit la cruauté envers la population arménienne, Chris Bohjalian n’écrit pas un roman plein de détails macabres, le génocide est la toile de fond d’une jolie romance, de l’espoir dans le désespoir d’un peuple.

J’ai fortement apprécié Armen, cet homme qui a tout perdu et dont nous apprenons l’histoire petit à petit, Elizabeth m’a moins touchée, je n’ai pas réussi à m’identifier à elle, peut-être parce que de son côté les sentiments sont très vite déclarés et sans doute, aussi, surtout, parce que l’on parle moins de son passé ; pour ce qui est des autres protagonistes, je citerais surtout les 2 ingénieurs allemands, Helmut et Éric ainsi que Nevart et Hatoun, je me suis fortement attachée à l’histoire de ces dernières, je ne vous dis pas qui elles sont, vous les découvrirez dans le roman.
Je peux même dire que j’ai été plus émue par elles que par la romance entre Armen et Elizabeth.

Du côté de l’écriture, j’ai eu un peu de mal avec la juxtaposition des 2 récits (celui d’Elizabeth et Laura), les passages sur Laura, qui est aussi la narratrice à ces moments-là, m’ont moins enthousiasmée, ils cassaient la fluidité du récit de 1915. J’ai ressenti une impression de « creux », une narration un peu « éteinte » même si elle est nécessaire au roman puisque Laura est « le point de départ » de l’intrigue.

Le livre est découpé en 2 parties, la seconde partie m’a un peu plus convaincue, Laura soulève des points intéressants : que savons-nous exactement de nos racines ? Pourquoi des enfants et petits-enfants peuvent-ils connaître si peu d’éléments sur le passé de leurs parents et grands-parents ? Comment peut-on imaginer qu’un million et demi de personnes ont disparu sans que personne, ni à cette époque ni maintenant, en parle ou s’en souvienne ?

Des destins liés, un secret de famille, une belle histoire d’amour, des personnages réalistes, une fiction sous fond de réalité historique, vous trouverez tout ceci dans ce roman.

Un roman captivant, touchant et qui, pour ma part, m’a poussé à faire quelques recherches sur cette réalité historique.

Ma note : 3.5/5 

Pour en savoir plus sur l’auteur :

Chris Bohjalian est l'auteur de dix-sept livres. Plusieurs de ses livres sont des best-sellers du New York Times
Son roman, sages-femmes (Edition du rocher, 1998 en français), a été best-seller pour le New York Times. Ses premiers romans ont été sélectionnés en tant que «meilleurs livres de l'année» par le Washington Post.
Il a été traduit en plus de 25 langues, 3 de ses romans ont été adaptés pour le cinéma (Secrets of Eden, Midwives, and Past the Bleachers). 
Il a écrit pour une grande variété de magazines et a été chroniqueur pour Burlington Free Press de Gannett depuis 1992. 
Chris est diplômé de l'Amherst College, et vit dans le Vermont avec sa femme et sa fille. (source Goodreads)




3 commentaires:

  1. Je suis amplement d'accord avec toi, on ne nous parle pas de ce génocide que l'on découvre aux dehors des bancs de l'école, je trouve cela complètement dingue étant donné la portée de l'acte... Enfin c'est un autre débat, pour en venir au livre il m’attirerai pour s fonction historique et la part de recherche sur sa famille que quelqu'un puisse faire afin de découvrir ces origines.

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  2. Ah une romance historique qui traite d'un sujet intéressant bien que difficile, concernant l'époque.
    Tu soulèves une question intéressante, faudra la poser au ministre de l'Education par courrier :p
    Bon, moi ce n'est pas trop mon style de lecture mais ça attise ma curiosité quand même. Merci pour ton bel avis.
    Bisous ma souris !!

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  3. Je ne connaissais ni ce livre ni cet auteur mais je dois dire qu'après la lecture de ta chronique j'ai hâte de le trouver.

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Un petit commentaire fait toujours plaisir ♥ Merci 😊

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