jeudi 21 novembre 2013

Le goût des souvenirs de Erica Bauermeister




Le goût des souvenirs 
de Erica Bauermeister
Roman
300 pages, 17€
Editions Charleston,  à paraître le 10 janvier 2014

Lillian et son restaurant ont une manière tout à fait singulière de rassembler les gens. Il y a tout d'abord Al, le comptable, qui voit une signification dans les chiffres et les rituels ; Chloé, un futur chef prometteur qui a perdu toute confiance en l'autre après un chagrin d'amour ; Finnegan, aussi discret et solide qu'un arbre ; Louise, l'épouse d'Al, emplie d'une colère prête à exploser ; et Isabelle, dont les souvenirs s'estompent petit à petit. Enfin, il y a Lillian bien sûr, dont la vie prend un tournant inattendu...

Toutes ces personnes se croisent, se rencontrent, se mélangent, se séparent ; des souvenirs resurgissent et d'autres se créent. Et de là, naîtra une famille que tous auront choisie.

Un beau roman sur les liens qui se font et se défont. Des personnages touchants. Une histoire pleine d'espoir et de gourmandise.


Le goût des souvenirs nous narre des morceaux de vie de plusieurs protagonistes, ils sont, qu’ils en soient conscients ou non, à une période charnière de leurs vies. Le point commun entre eux c'est Lilian, propriétaire d'un restaurant.
Ils ne se connaissent pas tous personnellement, mais leurs choix, leurs décisions les amènent à se côtoyer de près ou de loin.

Ce roman se lit comme un recueil de nouvelles à la différence qu'ici c'est un recueil de souvenirs de différents personnages.

Nous avons Lilian, le personnage par lequel commence le roman, qui se retrouve dans une situation qu’elle n’avait pas anticipée, un imprévu qu’elle ne peut pas maîtriser comme elle maîtrise ses ingrédients pour ses recettes, Al, son comptable, qui a retrouvé un peu de bonheur dans sa vie grâce à un livre de rituel (le livre des rituels de Al prendra une place importante pour d'autres protagonistes), Chloé, qui assiste Lilian en cuisine, une jeune fille qui a fui sa famille et qui n’a plus confiance aux hommes, Isabelle, une vieille dame atteinte de la maladie d’Alzheimer, Finnegan, un orphelin, qui travaille au restaurant à la plonge, Louise, l’épouse d'Al, qui a construit sa vie autour de son mariage suivant un ordre bien établi, Tom, le compagnon de Lilian, veuf depuis quelques années.

L’auteure, Erica Baeurmeister, avec une plume lyrique et descriptive, nous narre un morceau de la vie de chacun de ses personnages, une odeur, un objet, un lieu vont réveiller chez eux des souvenirs.

Les descriptions sont tellement bien construites qu’elles réveillent aussi chez le lecteur des souvenirs qu’ils soient visuels ou olfactifs ; le souvenir d’une odeur, d’un lieu, d'un objet nous rappelle un épisode de notre vie ; c’est autour de ce thème que l’auteure a construit son roman.

Chapitre après chapitre, on en apprend un peu plus sur les différents intervenants. Il pourrait être reproché qu’on ne sait, dès lors, pas vraiment s’attacher à eux comme peu de page leurs sont consacrées, pour ma part j’ai été entraînée dans ce tourbillon de souvenirs. Grappillant chez chacun des personnages un moment, une phrase, un aliment qui me projetait dans mon propre passé.

L'auteur donne une véritable note d'optimisme et d'espoir derrière chacun des épisodes douloureux que ses personnages traversent, j'ai lu ce livre comme je déguste un de mes plats préférés, doucement, en savourant chacun des mots.

Erica Bauermeister semble nous dire que, chaque décision que nous prenons est comme une recette, en suivant un certain ordre, en utilisant un ingrédient plutôt qu'un autre on peut en faire soit, un plat d’exception ou, complètement le rater. Dans ce cas, il nous restera, alors, comme choix de, soit recommencer notre recette ou, de complètement la modifier ; il en est de même dans la vie, rien n'est figé, tout peut changer et s'améliorer.
Elle permet aussi, à travers ses personnages, de pousser à la réflexion, est-il bon de s'enfermer dans les souvenirs ou à l'opposé de complètement les occulter ? Quelle place donnons-nous à nos souvenirs ? C'est une des questions que je me pose depuis que j'ai terminé le roman.

C'est ce que j'ai le plus apprécié dans ce livre, bien que ce soit une fiction, à travers ses mots merveilleusement choisis Erica Bauermeister nous fait emprunter le chemin de nos souvenirs, de nos racines.

Je ne peux pas trop en dévoiler sur les personnages, tous m'ont apporté un petit quelque chose, Finnegan m'a particulièrement touchée, il a une merveilleuse idée pour conserver les souvenirs d'êtres isolés ou seuls. Isabelle aussi, mais pour une autre raison.

Ne dit-on pas que : « Les paroles s'envolent mais les écrits restent ? »

Un roman différent de ce que je lis habituellement, mais qui m'a fait ressentir plein d’émotions, de réminiscences, un livre « cooconing », emprunt de poésie et de douceur.

Un roman qu'on adorera comme c'est le cas pour moi car, il vous remettra sur le chemin d'un souvenir ou qu'on appréciera moins, car, on ne fait que survoler des morceaux de vie.

Quelques citations qui m'ont particulièrement plus et qui vous donneront une idée du roman :

«  Les objets, les parfums avaient ce pouvoir de conserver les souvenirs, comme si son esprit, conscient de ses propres limites, avait décidé de les conserver ailleurs, dans un endroit sûr »

« Les individus qui entouraient Isabelle étaient comme des ingrédients chimiquement incapables de se mélanger à moins qu'ils n'aient oublié comment s'y prendre »

« Elle avait bien vu à quel point les objets s'imprégnaient de souvenirs, au point que leur histoire prenait le pas sur leur fonction »

« Tout comme elle, il avait laissé son esprit s'engluer dans une sorte de paralysie à force de regarder en arrière, à force de vouloir se rappeler ce qu'il avait perdu plutôt que de regarder ce qu'il possédait »

Remarque : ce livre est le second tome,sans vraiment être une suite, de "L'école des saveurs" paru en 2009 au Presses de la Cité . 

L'auteure : 




2 commentaires:

  1. J'ignorais complètement cette suite à venir ! Bien contente de cette info !

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  2. J'aime beaucoup l'idée de plonger dans le roman en plongeant dans les souvenirs des personnages, c'est original et comme tu le dis ça nous fais nous aussi nous questionner sur la notion de souvenirs et nous renvoyer à notre propre vie. Mais finalement n'est-ce pas cela la littérature, nous aider à vivre ?...

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