De
Chris Bohjalian
Romance
historique
320
pages, 22.50 €
Editions
Charleston, 10 février 2014
Alep
(Syrie), 1915. Elizabeth Endicott, une jeune Américaine, arrive en
Syrie durant le génocide arménien. Elle se lie d’amitié avec
Armen, un ingénieur arménien qui a perdu sa femme et sa fille. Mais
très vite, Armen quitte Alep pour s’engager dans l’armée
anglaise. Il entame alors une correspondance avec Elizabeth et
comprend qu’il est tombé amoureux de la riche Américaine, si
différente de la femme qu’il a perdue.
Bronxville,
banlieue de New York, 2012. Laura Petrosian, romancière, n’a
jamais accordé beaucoup d’importance à ses origines arméniennes.
Jusqu’au jour où une amie l’appelle : elle croit avoir
reconnu la grand-mère de Laura sur une photo tirée d’une
exposition au musée de Boston. Laura entreprend alors un voyage à
travers son histoire familiale et découvre un terrible secret enfoui
depuis des générations…
Je
n’avais encore jamais lu de livre de Chris Bohjalian, il a écrit à
ce jour 17 livres, quelques-uns ont été traduits en français, d’après mes recherches. Ce livre est un roman un peu plus
personnel, même s’il s’agit d’une fiction, Chris Bohjalian a
eu envie d’écrire en hommage à ses grands-parents, il s’est
inspiré de leur histoire pour écrire son roman.
Je
dois avouer que je ne connais que peu d’éléments sur le génocide
arménien, j’en ai surtout entendu parler aux actualités lors
d’interview de négationnistes ou de manifestants arméniens, mais
je n’ai pas étudié ce pan d’histoire à l’école.
Petit
aparté :
je
me pose cette question depuis que j’ai lu ce roman : comment
se fait-il que nous étudiions les 2 guerres mondiales à l’école,
et que, jamais je n’ai su que les Turcs, alliés de l’Allemagne
durant la 1ere guerre mondiale, ont perpétré une extermination en
masse sur un peuple dont la seule « faute » était une
religion différente ?
Pour
en revenir au roman, nous suivons 2 femmes, l’une en 1915,
Elizabeth Endicott, partie en mission humanitaire avec son père pour
aider les réfugiés arméniens et l’autre en 2012, Laura
Petrosian, New-Yorkaise qui cherche à comprendre ses racines
arméniennes.
Quand
Élisabeth débarque à Alep, en Syrie, le génocide a déjà
commencé, la toute jeune femme, tout juste diplômée de l’école
d’infirmière, est directement plongée dans l’horreur et la
gravité de la situation. Volontaire et déterminée, elle aidera à
l’hôpital, elle essayera d’apporter un peu de réconfort aux
colonnes de femmes déportées dans ce village.
Elle
va très vite se lier avec Armen, un ingénieur arménien, veuf, qui
travaille avec 2 Allemands, il dessine des cartes pour les futures
voies ferrées.
Tandis
qu’Elizabeth prend sa mission humanitaire à cœur, Armen part
s’engager aux côtés des Britanniques, ils entament alors une
correspondance, leur amitié évoluera au fil des échanges.
Pour
ce qui est de Laura, elle remonte petit à petit les pistes du passé
de ses grands-parents, le lecteur lit ses recherches, ses
questionnements. C’est devenu une obsession pour elle, elle veut
comprendre l’histoire de cette photographie (voir synopsis), quel
lien a-t-elle avec sa famille ?
Même
si je ne peux nier que certains passages sont durs, qu’on y lit la
cruauté envers la population arménienne, Chris Bohjalian n’écrit
pas un roman plein de détails macabres, le génocide est la toile de
fond d’une jolie romance, de l’espoir dans le désespoir d’un
peuple.
J’ai
fortement apprécié Armen, cet homme qui a tout perdu et dont nous
apprenons l’histoire petit à petit, Elizabeth m’a moins touchée,
je n’ai pas réussi à m’identifier à elle, peut-être parce que
de son côté les sentiments sont très vite déclarés et sans
doute, aussi, surtout, parce que l’on parle moins de son passé ;
pour ce qui est des autres protagonistes, je citerais surtout les 2
ingénieurs allemands, Helmut et Éric ainsi que Nevart et Hatoun, je
me suis fortement attachée à l’histoire de ces dernières, je ne
vous dis pas qui elles sont, vous les découvrirez dans le roman.
Je
peux même dire que j’ai été plus émue par elles que par la
romance entre Armen et Elizabeth.
Du
côté de l’écriture, j’ai eu un peu de mal avec la
juxtaposition des 2 récits (celui d’Elizabeth et Laura), les
passages sur Laura, qui est aussi la narratrice à ces moments-là,
m’ont moins enthousiasmée, ils cassaient la fluidité du récit de
1915. J’ai ressenti une impression de « creux », une
narration un peu « éteinte » même si elle est
nécessaire au roman puisque Laura est « le point de départ »
de l’intrigue.
Le
livre est découpé en 2 parties, la seconde partie m’a un peu plus
convaincue, Laura soulève des points intéressants : que
savons-nous exactement de nos racines ? Pourquoi des enfants et
petits-enfants peuvent-ils connaître si peu d’éléments sur le
passé de leurs parents et grands-parents ? Comment peut-on
imaginer qu’un million et demi de personnes ont disparu sans que
personne, ni à cette époque ni maintenant, en parle ou s’en
souvienne ?
Des
destins liés, un secret de famille, une belle histoire d’amour,
des personnages réalistes, une fiction sous fond de réalité
historique, vous trouverez tout ceci dans ce roman.
Un
roman captivant, touchant et qui, pour ma part, m’a poussé à
faire quelques recherches sur cette réalité historique.
Ma note : 3.5/5
Pour
en savoir plus sur l’auteur :
Chris
Bohjalian est l'auteur de dix-sept livres. Plusieurs
de ses livres sont des best-sellers
du New York Times
Son
roman, sages-femmes (Edition du rocher, 1998 en français), a été
best-seller pour le New York Times. Ses premiers romans ont été
sélectionnés en tant que «meilleurs livres de l'année» par le
Washington Post.
Il
a été traduit en plus de 25 langues, 3 de ses romans ont été
adaptés pour le cinéma (Secrets of Eden, Midwives, and Past the
Bleachers).
Il
a écrit pour une grande variété de magazines et a été
chroniqueur pour Burlington Free Press de Gannett depuis 1992.
Chris
est diplômé de l'Amherst College, et vit dans le Vermont avec sa
femme et sa fille. (source Goodreads)
Son
site
http://www.chrisbohjalian.com/
Sa
page Facebook :
https://www.facebook.com/ChrisBohjalian
Son
Twitter
https://twitter.com/chrisbohjalian
Je suis amplement d'accord avec toi, on ne nous parle pas de ce génocide que l'on découvre aux dehors des bancs de l'école, je trouve cela complètement dingue étant donné la portée de l'acte... Enfin c'est un autre débat, pour en venir au livre il m’attirerai pour s fonction historique et la part de recherche sur sa famille que quelqu'un puisse faire afin de découvrir ces origines.
RépondreSupprimerAh une romance historique qui traite d'un sujet intéressant bien que difficile, concernant l'époque.
RépondreSupprimerTu soulèves une question intéressante, faudra la poser au ministre de l'Education par courrier :p
Bon, moi ce n'est pas trop mon style de lecture mais ça attise ma curiosité quand même. Merci pour ton bel avis.
Bisous ma souris !!
Je ne connaissais ni ce livre ni cet auteur mais je dois dire qu'après la lecture de ta chronique j'ai hâte de le trouver.
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