de Erica Bauermeister
Roman
300 pages, 17€
Editions Charleston, à paraître le 10 janvier 2014
Lillian et son restaurant ont une manière tout à fait singulière de rassembler les gens. Il y a tout d'abord Al, le comptable, qui voit une signification dans les chiffres et les rituels ; Chloé, un futur chef prometteur qui a perdu toute confiance en l'autre après un chagrin d'amour ; Finnegan, aussi discret et solide qu'un arbre ; Louise, l'épouse d'Al, emplie d'une colère prête à exploser ; et Isabelle, dont les souvenirs s'estompent petit à petit. Enfin, il y a Lillian bien sûr, dont la vie prend un tournant inattendu...
Toutes ces personnes se croisent, se rencontrent, se mélangent, se séparent ; des souvenirs resurgissent et d'autres se créent. Et de là, naîtra une famille que tous auront choisie.
Un beau roman sur les liens qui se font et se défont. Des personnages touchants. Une histoire pleine d'espoir et de gourmandise.
Le
goût des souvenirs nous narre des morceaux de vie de plusieurs
protagonistes, ils sont, qu’ils en soient conscients ou non, à une
période charnière de leurs vies. Le point commun entre eux c'est
Lilian, propriétaire d'un restaurant.
Ils
ne se connaissent pas tous personnellement, mais leurs choix, leurs
décisions les amènent à se côtoyer de près ou de loin.
Ce
roman se lit comme un recueil de nouvelles à la différence qu'ici
c'est un recueil de souvenirs de différents personnages.
Nous
avons Lilian, le personnage par
lequel commence le roman, qui se retrouve dans une situation
qu’elle n’avait pas anticipée, un imprévu qu’elle ne peut pas
maîtriser comme elle maîtrise ses ingrédients pour ses recettes,
Al, son comptable, qui a retrouvé un peu de bonheur dans sa
vie grâce à un livre de rituel (le livre des rituels de Al
prendra une place importante pour d'autres protagonistes), Chloé,
qui assiste Lilian en cuisine, une jeune fille qui a fui sa famille
et qui n’a plus confiance aux hommes, Isabelle, une vieille
dame atteinte de la maladie d’Alzheimer, Finnegan, un
orphelin, qui travaille au restaurant à la plonge, Louise,
l’épouse d'Al, qui a construit sa vie autour de son mariage
suivant un ordre bien établi, Tom, le compagnon de Lilian,
veuf depuis quelques années.
L’auteure,
Erica Baeurmeister, avec une plume lyrique et descriptive, nous narre
un morceau de la vie de chacun de ses personnages, une odeur, un
objet, un lieu vont réveiller chez eux des souvenirs.
Les
descriptions sont tellement bien construites qu’elles réveillent
aussi chez le lecteur des souvenirs qu’ils soient visuels ou
olfactifs ; le souvenir d’une odeur, d’un lieu, d'un objet
nous rappelle un épisode de notre vie ; c’est autour de ce
thème que l’auteure a construit son roman.
Chapitre
après chapitre, on en apprend un peu plus sur les différents
intervenants. Il pourrait être reproché qu’on ne sait, dès lors,
pas vraiment s’attacher à eux comme peu de page leurs sont
consacrées, pour ma part j’ai été entraînée dans ce
tourbillon de souvenirs. Grappillant chez chacun des personnages un
moment, une phrase, un aliment qui me projetait dans mon propre
passé.
L'auteur
donne une véritable note d'optimisme et d'espoir derrière chacun
des épisodes douloureux que ses personnages traversent, j'ai lu ce
livre comme je déguste un de mes plats préférés, doucement, en
savourant chacun des mots.
Erica
Bauermeister semble nous dire que, chaque décision que nous prenons
est comme une recette, en suivant un certain ordre, en utilisant un
ingrédient plutôt qu'un autre on peut en faire soit, un plat
d’exception ou, complètement le rater. Dans ce cas, il nous
restera, alors, comme choix de, soit recommencer notre recette ou, de
complètement la modifier ; il en est de même dans la vie, rien
n'est figé, tout peut changer et s'améliorer.
Elle
permet aussi, à travers ses personnages, de pousser à la réflexion,
est-il bon de s'enfermer dans les souvenirs ou à l'opposé de
complètement les occulter ? Quelle place donnons-nous à nos
souvenirs ? C'est une des questions que je me pose depuis que
j'ai terminé le roman.
C'est
ce que j'ai le plus apprécié dans ce livre, bien que ce soit une
fiction, à travers ses mots merveilleusement choisis Erica
Bauermeister nous fait emprunter le chemin de nos souvenirs, de nos
racines.
Je
ne peux pas trop en dévoiler sur les personnages, tous m'ont apporté
un petit quelque chose, Finnegan m'a particulièrement touchée, il a
une merveilleuse idée pour conserver les souvenirs d'êtres isolés
ou seuls. Isabelle aussi, mais pour une autre raison.
Ne
dit-on pas que : « Les paroles s'envolent mais les écrits
restent ? »
Un
roman différent de ce que je lis habituellement, mais qui m'a fait
ressentir plein d’émotions, de réminiscences, un livre
« cooconing », emprunt de poésie et de douceur.
Un
roman qu'on adorera comme c'est le cas pour moi car, il vous remettra
sur le chemin d'un souvenir ou qu'on appréciera moins, car, on ne
fait que survoler des morceaux de vie.
Quelques
citations qui m'ont particulièrement plus et qui vous donneront une
idée du roman :
«
Les objets, les parfums avaient ce pouvoir de conserver les
souvenirs, comme si son esprit, conscient de ses propres limites,
avait décidé de les conserver ailleurs, dans un endroit sûr »
« Les
individus qui entouraient Isabelle étaient comme des ingrédients
chimiquement incapables de se mélanger à moins qu'ils n'aient
oublié comment s'y prendre »
« Elle
avait bien vu à quel point les objets s'imprégnaient de souvenirs,
au point que leur histoire prenait le pas sur leur fonction »
« Tout
comme elle, il avait laissé son esprit s'engluer dans une sorte de
paralysie à force de regarder en arrière, à force de vouloir se
rappeler ce qu'il avait perdu plutôt que de regarder ce qu'il
possédait »
Remarque : ce livre est le second tome,sans vraiment être une suite, de "L'école des saveurs" paru en 2009 au Presses de la Cité .
L'auteure :
J'ignorais complètement cette suite à venir ! Bien contente de cette info !
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup l'idée de plonger dans le roman en plongeant dans les souvenirs des personnages, c'est original et comme tu le dis ça nous fais nous aussi nous questionner sur la notion de souvenirs et nous renvoyer à notre propre vie. Mais finalement n'est-ce pas cela la littérature, nous aider à vivre ?...
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