Je savais en commençant ce livre que ça allait être une lecture bouleversante, que j’allais pleurer, que j’aurais des moments de lecture difficiles et même si c’est vrai, cela a été le cas, ce roman grâce aux voix des narratrices les jumelles Stasha et Pearl apportent espoir aussi, l’auteur ne part à aucun moment dans la surenchère, il nous épargnent les détails des monstruosités dont Mengele était capable avec les enfants de son « zoo ».
Oui, c’est évoqué, certains passages sont très marquants, mais ce n’est pas là l’essentiel du livre.
La narration s’alterne, donnant voix tantôt à Pearl tantôt à Stasha.
Si Pearl est studieuse, réservée, tournée vers les arts Stasha est exubérante, rêveuse à l’imagination débordante.
Nous les suivons dès l’arrivée du train à Auschwitz où Mengele les repère, leur mère les pousse à le suivre, c’est l’assurance d’échapper au travail, d’avoir accès à de la nourriture et d’être protégées des SS, aucun n’a le droit de toucher aux « privilégiés » du docteur.
Bien vite, toutes deux vont se rendre compte que ce statut de privilégiés est en fait bien plus pervers.
Leur plus grande crainte : celle d’être séparée, elles ne forment qu’un seul et même être.
L’une comme l’autre vont essayer de se faire passer pour la plus forte du duo, la plus faible étant souvent le sujet des expériences les plus pénibles.
Elles se rendent compte aussi dans ce camp de leurs différences, si Pearl peut l’admettre ce n’est pas le cas de Stasha.
Au fur et à mesure, elles ne forment plus un seul être, mais deviennent de « simples » individus, elles se partagent la vie, l’une s’occupant du futur, l’autre du passé, l’une cherchant à tout prix à « plaire » au docteur l’autre se résignant.
Mais bien pire que la douleur physique affligée par cet homme c’est la souffrance d’être séparée qui va être la plus dévastatrice autant pour l’une que pour l’autre.
Affinity Konar nous narre l’odyssée de ces 2 fillettes, qui expliquent la barbarie et la souffrance avec leur mot d’enfant, parfois avec beaucoup de naïveté, parfois avec beaucoup de réflexion ou de détachement., d’espièglerie, d’imagination.
Il maintient un suspens, parfois très dur, sur le destin de ces fillettes, j’ai été surprise, mais heureuse de plusieurs rebondissements, il nous montre à travers sa magnifique écriture que quand l’on pense qu’il n’y a plus d’espoir il y a toujours une lumière au bout du tunnel.
J’ai pleuré, tremblé et soufflé de soulagement, j’ai rêvé et imaginé comme Stasha et Pearl. Je suis passée par tout un tas d’émotion allant de la tristesse à l’espoir.
Porté par les 2 fillettes nous sommes entraînés dans le roman, l’auteur ménageant ses effets pour nous faire tourner les pages encore et encore.
D’autres personnages interviennent et sont attachants à l’image du docteur Miri et de « père » des jumeaux, de Peter, de Mirko, et de tant d’autres enfants partageant le quotidien de Stasha et Pearl.
Un superbe livre, un sujet difficile, toute l’horreur de ce camp se déroule devant nos yeux, mais aussi dur que peut l’être le roman c’est avant tout un roman sur l’entraide, la solidarité, la naïveté et l’optimisme des enfants même face aux plus sombres aspects de l’être humain.
Je ne peux vous dévoiler ce qu’il va se passer pour les 2 fillettes auxquelles je me suis fortement attachée, mais je peux vous certifier que c’est un merveilleux livre, que ces 2 fillettes rayonnent parmi les cendres d’Auschwitz.
Mischling de Affinity K. - Édition Actes Sud - roman historique - Seconde Guerre Mondiale - 368 pages, 22.80€ - Sortie en librairie le 6 septembre 2017
Ho la la, que d'émotions , la lecture de cette chronique m'a fait froid dans le dos, j'ai peur pour ces deux petites filles.....
RépondreSupprimerMerci ma Tite Souris pour ce partage, je suis toute chamboulée , mais ce livre je vais aussi le mettre dans la bibliothèque.
J'ai déjà lu ne pars pas sans moi et te laisser partir, là je ouvre meurtres pour rédemption . Super enchantée de mes deux premières lectures, merci de me faire découvrir toutes ces perles. Bonne journée mon amie, gros bisous😘💗
Je l'ai acheté il y a peu et prévois de le lire en duo avec ma co blogueuse, je suis sûre qu'il va nous remuer et j'ai hâte de m'y plonger.
RépondreSupprimerUn très beau livre, en effet ! Je vais publier mon billet dans mon blog et mettre un lien vers le tien. Tu en parles avec beaucoup d'émotion.
RépondreSupprimerJ’irai lire ton billet alors, merci pour ton passage ici. En effet ce livre m’a beaucoup touché.
SupprimerBonjour, à toutes et tous,
SupprimerJ'ai été moi aussi éblouie par cette "oeuvre d'une vie" (puisqu'Affinity K, 36 ans, a passé la moitié de sa vie avec en gestation, puis en écriture de cet inestimable cadeau). J'en avais fait une fiche de lecture pour une librairie sétoise. Si vous voulez bien, j'aimerais la partager avec vous :
"« Mishling » signifie littéralement « sang mêlé », « bâtard » et donc, entre autres, dans l’Allemagne nazie : « d’ascendance juive ou partiellement juive ». Parce qu’elles sont « mischling », Pearl et Stasha sont expédiées à Auschwitz, en même temps que leur mère et leur grand-père. Parce qu’elles sont jumelles elles sont, dès leur arrivée, sélectionnées pour intégrer le « Zoo de Mengele ».
Dès l’instant où elles franchissent les portes de l’enfer et sont arrachées à leur mère, tout leur être bascule en mode survie : entre la surface inconsciente de la vie quotidienne et les profondeurs abyssales de la mort, elles plongent dans un espace où le meilleur d’elle-même va prendre le poste de pilotage.
Et Affinity K. plonge, en totale empathie, avec Stasha et Pearl, tour à tour narratrices. À mesure que le poison s’insinue dans leurs veines, se mêle à leur sang et tente de dévorer leur âme, Affinity K. s’évertue, avec une écriture poétique d’une rare puissance, à faire battre le pouls de la vie. Les pulsations de cette vie immortelle, on les entend battre de plus en plus fort, à mesure que leur espace de survie s’amenuise, jusqu’à ne plus devenir qu’un filet ténu, au milieu du chaos. Mais c’est le battement de ce filet qui se fait entendre, envers et contre tout.
Mischling est une production extra-ordinaire. Hors normes. Un écrit impossible. Car comment écrit-on une fiction dont le cadre est Auschwitch et dont l’un des protagonistes a pour nom Mengele ? Comment peut-on penser à poser une pierre fictionnelle sur le terrible édifice des témoignages de ceux qui ont traversé tant de morts ?
Or Affinity K. ne réécrit pas l’histoire - ce « roman », ultra documenté, s’appuie sur de multiples témoignages, et en tout premier lieu ceux de Miriam Mozes Zeiger et Eva Mozes Ker, jumelles qui ont effectivement survécu à l’innommable Zoo. Mais elle réussit ce prodige : Mot après mot son écriture, traque le poison qui a souillé tant de vies, et rendu tant de sangs « mischling ». En extirpant ce poison du sang de Pearl et Stasha, elle redonne vie aux morts, et dignité aux vivants. Elle rend à leur sang et à leur âme leur pureté d’origine. À Pearl et Stasha, elle offre un statut d’héroïnes. Au « docteur », un statut de figurant.
Affinity Konar est d’ascendance juive polonaise. Elle a seize ans lorsqu’elle lit « Children of the flames », témoignages de jumeaux rescapés d’Auschwitz. Le choc est tel, et l’empathie si profonde, qu’ils provoquent instantanément le germe de « Mischling ». Il faudra pourtant neuf années de maturation avant que ne commence le processus d’écriture - qui, lui-même, nécessitera dix autres années. Une telle profondeur d’écriture n’en exigeait pas moins.
« Mischling » est un chef-d’oeuvre incontournable, d’une maturité exceptionnelle. Un chant de vie et de victoire. Un éblouissant « devoir de mémoire ».
Enfin, il n’est pas inutile de souligner la qualité de la version française, où le traducteur (Patrice Repusseau, qui est aussi poète) semble en symbiose totale avec l’auteur."
educador e também seus alunos escolhem alguma anais.
RépondreSupprimerAwesome article.
RépondreSupprimerQue tipo de digicam é ? Isso é definitivamente
RépondreSupprimerum grande qualidade superior .