vendredi 11 octobre 2013

Zelda la rouge de Martine Pouchain



Zelda la rouge
de 
Martine Pouchain
264 pages, 14.90€
Roman jeunesse, à partir de 14 ans
Éditions Sarbacane, 2 octobre 2013
Collection Exprim'

Zelda, 16 ans, est en fauteuil roulant...depuis qu'une voiture l'a renversée enfant. 
Sa sœur aînée, Julie, ne pense qu'à la venger et retrouver le chauffard, tandis que Zelda a tourné la page ; pleine d'énergie et de passions, elle se destine à la politique.
Les deux sœurs habitent une grande maison qu'elles partagent avec Jojo, ex-SDF bricoleur et jardinier, et Kathy, quinquagénaire complexée mais joyeuse.
Et puis, Baptiste entre dans leurs vies. Charmant, prévenant, il se rend vote indispensable à leur colocation libre et foldingue...


Nouveauté de ce mois chez les éditions Sarbacane dans la collection exprim « Zelda la rouge » nous narre la vie de 2 sœurs, Julie l'aînée et Zelda la cadette.

Zelda, 16 ans, est en fauteuil roulant depuis qu'un chauffard l'a renversée à l'âge de 10 ans ; Julie sa sœur vit très mal cet accident, elle se sent coupable, elle a un seul but dans la vie celui de retrouver le conducteur de la voiture qui a heurté Zelda.
Elle travaille dans un home pour personnes âgées, ce n'était pas son rêve mais, lorsque leurs grand-mère est décédée lui laissant la tutelle de sa sœur, elle n'a eu d'autres choix que de relever ses manches et assumer ses responsabilités.
Les 2 jeunes filles se sont reconstruit un semblant de famille en accueillant des colocataires qui les aident à entretenir la maison que leurs grand-mère leur a légué.
Si Zelda assume son handicap et est pleine de joie de vivre, Julie, elle, rongée par la culpabilité et la vengeance est plutôt renfermé. "Pour résumer, je n'ai rien contre la féminité mais je me protège, je conjure le sort. Les femmes de notre famille n'ont pas une vie facile, mon look c'est mon armure jusqu'à nouvel ordre. (...) J'aimerais bien qu'on m'appelle Julie et qu'ont me fasse la cour. Mais ça dure jamais longtemps : le quotidien et ses priorités reviennent vite me happer."
elles feront toutes deux des rencontres qui vont bouleverser leurs vies mais aussi leurs convictions.

Les protagonistes sont tous très attachants, on peut facilement s'identifier à eux.
Nous avons Kathy, la collègue de Julie qui « nous tartine l'horizon en rose et nous mijote des lendemains qui fredonnent », Sélim, le meilleur ami de Zelda, Paul, le voisin âgé qui est un peu leur grand-père, Jocelyn l'ancien SDF, le tatoué ou cœur d'or, Baptiste que Zelda a croisé devant son école et qui prend de plus en plus de place dans la vie des 2 filles.

On alterne les chapitres du point de vue des 2 sœurs, un chapitre c'est Zelda qui est la narratrice ensuite c'est Julie, Jules pour les intimes.
Ces changements de narrateur nous permettent de comprendre le comportement des héroïnes, leurs rêves, leurs caractères, leurs peurs et leurs envies.
Le fait que le livre soit écrit au présent renforce la proximité que l'on a avec les personnages.
Avec des mots de tous les jours, Martine Pouchain écrit un roman fort avec des personnages cassés par la vie mais nous montre que même quand tout paraît insurmontables, que les ennuis s'accumulent il y a toujours une lumière au bout du tunnel.

Elle traite de sujets d'actualités comme le chômage, le handicap, la vieillesse et de sentiments tels que la vengeance, l'amour, l'amitié, la mort.
Tantôt cynique, surtout quand Zelda parle de son handicap : "Ma frangine n'aime pas que je plaisante avec mon handicap, elle dit que je suis cynique. Je reconnais que j'aime les blagues vaseuses et l'humour noir, mais je ne vois pas ce que ça a de cynique. Moi, quand je vois un chat, je ne raconte pas que c'est un félin domestique et je n'ai pas envie qu'on parle de moi comme d'une personne à mobilité réduite. C'est juste hypocrite!" tantôt poétique, "Les mots ont fui, les pensées aussi, et la minuscule éternité se répand. Si ta vie n'était qu'un océan de volupté, tu finirais par t'ennuyer à mourir. Pour vivre dans l'océan, il faut des branchies, des nageoires, je n'ai rien, et personne ne m'a appris à m'en passer. Ce qu'il faut de tendresse à un miracle pour s'épanouir, je ne l'ai pas en moi." on se prend les réflexions en pleine face, l'auteure bouscule le lecteur dans ses opinions.

Même si les protagonistes n'ont pas été épargnés par la vie Martine Pouchain ne tombe pas dans le mélodrame, elle nous raconte simplement la vie, sans fleurs ni dentelles mais avec un vrai message d'espoir et de bonheur.

L'écriture est fluide, nous sommes dans le même sentiment d'urgence de Julie, celui de retrouver le chauffard. "Moi je suis une force brute, tendue par le désir de venger quelqu'un qui n'en a que foutre, et ma raison d'être réside dans cet acte purificateur. Il n'y a pas de place en moi pour l'amour, en dehors de celui que j'éprouve pour Zelda"
C'est le seul reproche que je ferais à ce roman, on devine un peu trop vite le dénouement de l'intrigue mais n'oublions pas que nous sommes dans un roman jeunesse, les adolescents qui liront ce livre ne le devineront peut-être pas ou seront moins gênés par ce fait.
Ceci n'empêche que, même si j'avais compris assez vite le final, les mots de Martine Pouchain m'ont emportée, j'ai été émue plus d'une fois, Zelda n'y va pas par quatre chemins pour parler de son handicap et Julie derrière sa carapace de lieutenant général cache une grande sensibilité.
Julie a un don dont je ne vous parlerai pas, je préfère vous laisser le découvrir par vous-même, cette capacité apporte une dimension supplémentaire au roman.

C'est un très beau roman jeunesse, un livre qui nous montre que les chemins que nous empruntons ne sont pas dessinés à l'avance, que la vie apporte son lot de malheur mais aussi de bonheur, que les handicapés ne se réduisent pas à ce seul mot mais qu'ils ont les mêmes aspirations et envies que n'importe qui.

Un roman qui plaira aux adolescents grâce à l'écriture et au vocabulaire proches de leur âge mais qui donne aussi une bonne leçon aux adultes.

Un roman comme je les aime dans la collection exprim, un roman qui parle de la vie sans fioritures.

"C'est pas une malédiction, Jules, c'est juste que parfois les gens meurent quand ils sont vieux. (...) il va beaucoup me manquer mais il m'a donné beaucoup d'amour. Et cet amour, je le garde bien au chaud, pour les jours sombres."

Sans être un coup de cœur c'est un très beau moment de lecture que j'ai passé en compagnie de Julie et Zelda. 

Revenez lundi, en partenariat avec les Éditions Sarbacane, j'organise un concours pour tenter de remporter un exemplaire du roman ;) 

5 commentaires:

  1. Tu as les livres les plus originaux que je n'ai jamais vu. Bon il faut dire que je ne regarde pas trop les maison d'éditions française mais je devrais !

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  2. Ce n'est pas un livre qui retient mon attention pour le moment mais le traitement de sujets d'actualité peut être en effet très intéressant :) Bonne lecture.

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  3. Je ne connaissais pas du tout mais il a l'air pas mal du tout je dois dire ! Une chose est certaine, la couverture attire l'oeil :P

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  4. Intriguant en effet ! Bon, je reviendrai lundi dans les parages donc ;)

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  5. Coucou ma puce adorée,
    Voilà un livre qui m'intrigue, j'aimerai bien le découvrir.
    Je vais le noter dans ma liste.
    Merci beaucoup pour ton article, gros bisous :)

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