vendredi 25 octobre 2013

Le roman de Zelda de Thérèse Anne Fowler



Le roman de Zelda 
de Thérèse Anne Fowler
Roman, biographie
426 pages, 20.50€
Edition Michel Lafon, 2 mai 2013

Elle a 17 ans, c’est une belle du Sud, petite dernière choyée d’une famille très bourgeoise de Montgomery, exubérante et fantasque. Quand elle le rencontre lors d’un bal, il a 21 ans, porte l’uniforme et veut vivre de sa plume. Il tombe immédiatement sous le charme et se lance dans une cour acharnée. Elle brave les conventions et accepte d’épouser l’aspirant écrivain… Ils se marient à New York quelques semaines après la sortie de son premier roman, L’Envers du paradis. Le livre est un immense succès, et les deux amoureux deviennent instantanément célèbres. Elle, c’est Zelda ; lui, c’est Scott : ils viennent d’entrer dans la légende. 
Ils sont jeunes, beaux et riches, inséparables, et leur vie est un tourbillon de fêtes effrénées entre Paris, Hollywood et la Riviera française où ils fréquentent les expatriés de la « génération perdue ». Pourtant, une insatisfaction profonde s’empare bientôt de Zelda, fatiguée de jouer les muses pour un mari de plus en plus irritable et distant. Artiste talentueuse dotée d’un véritable style, elle retrouve des passages entiers de son journal dans les romans de Fitzgerald ; et quand elle écrit à son tour des nouvelles, elles sont publiées… sous le nom de Scott. Tandis que celui-ci s’enfonce dans l’alcoolisme, la délaisse pour son nouvel ami Hemingway (qui la déteste), l’accuse de tous les maux et surtout de l’empêcher de travailler, Zelda se tourne vers le ballet, sa passion de toujours. Mais quand on lui offre de danser professionnellement, une nouvelle fois, Scott lui coupe les ailes, il a besoin d’elle et sa place est à son côté, pas sur une scène. Alors, épuisée physiquement et mentalement, déchirée entre son amour et son besoin profond d’exister, elle s’effondre. C’est le début d’une longue descente aux enfers : séjours en sanatorium, puis en clinique psychiatrique, où elle subit les diagnostics erronés, l’abrutissement des médicaments et la barbarie des électrochocs. Pourtant, même internée, elle trouve encore la force de créer ; elle peint et écrit fiévreusement dès que la maladie relâche son étau, publie un roman autobiographique, expose ses toiles… sans jamais trouver la reconnaissance qu’elle mérite. Jusqu’à sa mort atroce dans l’incendie de l’asile où elle est enfermée, Zelda se sera battue pour échapper à l’ombre de l’homme qu’elle a aimé à la folie. Ce roman lui rend enfin sa voix.

Voilà je pense 2 semaines si pas 3 que j’ai lu ce magnifique roman, je n’ai pas voulu écrire ma chronique immédiatement tellement j’étais encore sous l’influence du livre et j’avais besoin d’un peu de recul pour l’écrire.

Je peux déjà vous dire que cette biographie, même si elle est romancée, m’a passionnée, depuis je collectionne les livres et romans du et sur le couple Francis Scott Fitzgerald et Zelda Zayre.
Je ne connaissais que Gastby le magnifique, je ne savais rien de la vie de l’auteur et connaissait encore moins son épouse Zelda.




L’auteure, Thérèse Anne Fowler, dès les premières pages, m’a fait me mettre à la place de Zelda, Zelda c’était moi, le choix d’écrire à la première personne a aidé cette identification mais pas seulement, il est aisé de se mettre à la place de l’héroïne, avec son questionnement sur sa vie, sur sa condition de femme, des interrogations que toute femme a à un moment donné de sa vie, du moins c’est le cas pour moi.

Je m’excuse d’avance si je spoile, je fais attention, je dévoile certains faits mais en lisant la 4eme de couverture ils y sont aussi ;)

Nous commençons le livre avec Zelda, jeune fille, fin mai 1918 à Montgomery, Alabama, un  tempérament de feu dans un corps d’ange, trop de règle empêche les femmes de s’épanouir et pour Zelda s’en est trop, elle ne s’embarrasse pas des conventions, elle veut s’amuser, quitte à choquer cette Amérique puritaine «Il y avait tant de règles auxquelles nous, les filles, nous devions nous conformer, tant d’accents mis sur les convenances. Dos droit. Mains gantées. Lèvres nues-et jamais effleurées-, jupes bien repassées. Humilité du discours. Yeux baissées. Pensées chastes. Beaucoup de sottises à mon goût ».
Elle rencontre Francis Scott Fitzgerald lors d’un bal et tombe immédiatement sous son charme tout en étant très lucide, Scott est ambitieux, il est certain que tous ses rêves se concrétiseront, avec l’aide de Zelda, il sera un écrivain reconnu. «Il voulait croire au-delà de toute raison qu’un travail l’aiderait à concrétiser ses autres rêves (…) il réussirait tout en même temps, tout de suite (…) cette ambition était du domaine de l’impossible »



Quelques jours après la parution de son premier roman «L’envers du paradis » Scott fait venir Zelda à New-York pour se marier, Zelda veut croire aux rêves et projets de Scott, elle l’aime, elle est toujours aussi impétueuse tout en étant consciente de la faiblesse de son futur mari «Il est si incroyablement brillant que ce serait une tragédie s’il ne finissait par ne rien faire».

Voilà le couple marié, le succès est au rendez-vous, ils sont de toutes les fêtes et de tous les excès, insouciants ils mènent une vie de rêve du moins le pensent-ils à cette époque,  une vie de bohème où l’alcool et l’argent coulent à flot, ils font parler d’eux, et tout ceci plaît à Scott, tant qu’on parle d’eux dans les journaux, même si c’est dans la presse à scandale, c’est le principal, Scott étant toujours dans cette quête de la célébrité. Il en veut plus, jamais satisfait de sa condition d’écrivain, une ambition démesurée que nous, lecteur, comprenons qu’elle va mener ce couple emblématique à leurs pertes.



Nous sommes pris dans le même tourbillon qu’eux, nous rencontrons des personnages célèbres que le couple côtoie, Hemingway, Ezra Pound,  Coco chanel, Matisse, Grace Moore, T.S. Eliott, Compton Mackenzie, et tant d’autres. L’auteure retranscrit à merveille cette atmosphère si particulière des années 20, période de grands changements, autant sur la condition de la femme que dans les arts. 
Nous suivons le couple à Paris sur la rive droite, à Capri, à travers l’Europe et plusieurs états américains, partout c’est la même ambiance, une ambiance décadente et qui pourtant donnera naissance à tant d’artistes encore reconnus aujourd’hui.

C’est un autre point fort du livre, cette période entre-deux guerres autant à New-York qu’à Paris est incroyablement décrite j’ai adoré suivre les protagonistes, voir les idées émerger, les courants littéraires et artistiques se développer. C’est très enrichissant et intéressant de suivre cette «génération perdue » (voir lien wikipedia).

Le personnage qui m’a, sans conteste,  le plus marqué c’est Zelda, j’ai souffert avec elle, oh elle a eu des moments de joie mais aussi beaucoup de souffrance, je l’admire, cette femme m’a conquise, je l’ai aimé pour ses idées, son combat qu’elle mène pour elle et pour son couple.
Scott trouvait normal que ses lecteurs identifient Zelda comme l’héroïne de son livre, il lui faisait jouer un rôle, si au départ cela a pu l’amuser elle a fini par se lasser de cette vie, lassée d’être reléguée au second plan, elle aussi elle a droit à son succès, non pas par jalousie de la notoriété de son époux mais parce qu’elle veut être reconnue comme Zelda Zayre et pas uniquement comme Madame Fitzgerald. 
Peu à peu Scott entraîne Zelda dans une spirale infernale, Zelda se fane, le couple sombre et nous lisons cette lente descente aux enfers qui mènera la jeune femme dans un asile.
Sur ce point, je ne suis pas certaine du diagnostic des médecins, non je ne suis pas médecin mais, après ma lecture, je trouve que Zelda a été victime de ses idées progressistes, elle ne veut pas être simplement épouse et mère, elle se cherche, dans la peinture, la danse, elle écrit même pour Scott mais ne sera jamais publiée à son nom mais sous le pseudonyme de son époux.



Francis Scott Fitzgerald sera sans cesse en quête de la reconnaissance, il sombre dans l’alcool, il s’échappe dedans, il est certain d’arriver à écrire LE roman du siècle, c’est un personnage torturé, angoissé, il n’écrit plus par plaisir mais parce que les dettes se sont accumulées, il écrit de petits récits qui ne le satisfont pas, son éditeur attend son nouveau roman qu’il promet mais dont il repousse sans cesse la date, inventant de fausses excuses, n’hésitant pas à rejeter la faute sur son épouse, ses amis, tout est prétexte à l’excuser, jamais il ne se remet en question.

J’aimerais beaucoup lire ses écrits de l’époque afin de les voir sous un jour différent maintenant que j’ai lu dans quelle ambiance ceux-ci ont été produits.

Thérèse Anne Fowler rend par son livre un vibrant hommage à cette femme en avance sur son temps, nous entraîne dans les fêtes parisiennes et cercles littéraires New-yorkais, je suis bien consciente qu’il s’agit d’une œuvre de fiction mais on ne peut pas nier le travail que l’auteure a réalisé.
Pour construire son roman elle s’est documentée, s’est basée sur des articles de presse de l’époque, lettres personnelles, alors oui les puristes diront que ce n’est pas une biographie mais même s’il y a une part de fiction ce livre est vraiment intéressant, je me répète mais, si comme moi, vous aimez cette période entre-deux guerres je ne peux que vous conseiller de lire ce livre.



Une plume des plus agréable à lire, une narration fluide qui nous laisse pris dans l’histoire de ce couple mythique, les réussites et les échecs, la futilité et l’insouciance de l’époque, la condition de la femme, la prohibition, le jazz, le charleston,  un amour passionnel mais dévastateur, ce roman est plein de sujet passionnants et traités, il me semble, avec beaucoup de justesse.

Je pourrais en parler des heures, vraiment ce roman m’a passionné autant par ses personnages que pour la société qui est décrite

Un gros coup de cœur pour le livre et pour Zelda


7 commentaires:

  1. coup de coeur pour moi aussi mais tu le sais déjà :-)

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  2. j'apprécie beaucoup les romans se passant à cette époque et j'avoue que ton avis m'intrigue bien. Je ne crois pas avoir lu de livres dans ce genre là mais il faudra tenter.

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  3. Tu donnes envie de se jeter sur ce livre ! Vraiment !
    Gros bisous ma belle :)

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  4. Je veux le lire depuis longtemps et ta chronique me donne vraiment envie de me le prendre. Dommage qu'il soit si cher et que j'ai déjà craqué ce mois ci :/
    Bisouuus.

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  5. Il faut vraiment vraiment que je me le procure.... Ta chronique me donne terriblement envie de craquer sur le champ ! Bon, le moment est mal choisi pour une dépense comme celle-ci, mais je peux te garantir qu'il va se retrouver sur ma liste de Noël ^_^ Gros bisous ma souris <3

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  6. Ahalala ce livre me fait tellement envie !!!! De plus, j'ai toujours aimée voir la face caché des écrivains, leur vie privé, leur épouses qu'à l'époque on laissaient de côtés, pour que l'homme prennent toute la place. Cette femme avec ces idéaux, son envie de devenir quelqu'un par elle même, je respecte beaucoup !

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