de
Jodi Picoult
Roman
475 pages, 20.50€
Edition Michel Lafon
Sage Singer est une solitaire. Elle dort le jour et travaille la nuit dans une boulangerie, où elle oublie les blessures de la vie en pétrissant le meilleur pain de la ville. Quand elle rencontre Josef Weber, un vieil homme insomniaque, Sage a enfin le sentiment d’avoir trouvé quelqu’un à qui se confier. Malgré leurs différences, chacun devine les cicatrices intimes de l’autre, et une amitié inattendue voit le jour.
Jusqu’au soir où Josef lui révèle le terrible secret qu’il cache depuis soixante ans et lui demande la plus incroyable des faveurs : le tuer. Confrontée à un choix moral impossible, Sage fouille dans l’histoire de sa famille pour tenter de résoudre son dilemme. Mais alors qu’elle plonge dans les horreurs de la Seconde Guerre mondiale à la recherche de la vérité, elle découvre que la frontière est parfois bien floue entre amour et trahison, justice et vengeance. Et elle devra répondre à la plus difficile des questions : certains actes sont-ils impardonnables ?
Quel roman que Pardonne-lui !
Sage Singer travaille de nuit dans la boulangerie
de son amie Mary, chaque semaine elle se rend dans un groupe
de soutien pour personnes ayant perdu un être cher, dans le cas de Sage il
s’agit de sa mère qu’elle a perdue 3 ans plus tôt. Ce n’est pas la seule souffrance
de la jeune femme; si elle travaille de
nuit c’est pour rencontrer le moins de monde possible, elle a une cicatrice
sur le visage, cette blessure elle la cache à tous, ses seuls amis sont : Mary
ancienne sœur reconvertie en boulangère, Rocco son collègue et Adam son amant. Lors d’une réunion, Sage fait la connaissance de Josef, vieil
homme de 90 ans aimé de toute la ville. Une amitié s’installe entre eux,
avec lui Sage arrive à communiquer, ces
deux êtres solitaires se rapprochent et deviennent vite indispensables l’un à l’autre.
Josef va alors lui demander d’accomplir
un acte pour lui : le tuer pour le libérer. Sage veut comprendre pourquoi il lui demande d’accomplir un tel acte, pourquoi à elle ? Elle ne sait pas qu’en posant cette question c’est un tout un pan de l’histoire
et de son passé qu’elle va déterrer, que son avenir changera radicalement.
Le livre est découpé en trois parties, on
commence le roman avec quelques pages narrant l’histoire d’Ania et Emil son
père, le boulanger. Ecrit en italique on ne comprend pas immédiatement qui sont
ces 2 personnages, ce récit continue
tout au long du livre ; une histoire dans une histoire, j’y reviendrai
plus tard.
Vient ensuite la première partie où l’auteur nous
présente les personnages : Sage,
jeune femme brisée, portant des cicatrices visibles et invisibles, elle a mis
en place une routine qui ne la rend, certes, pas heureuse mais qui lui permet
de survivre. Josef, le vieux bonhomme, aimé de tous, veuf, il vit seul avec son chien,
il a lui aussi des stigmates invisibles qu’il traîne depuis plus de 60 ans. Mary
et Rocco la patronne et l’employé de la boulangerie, Adam,
Minka
sa grand-mère, Léo un agent au service des Droits
de l’homme et des Poursuites spéciales, sa mission poursuivre les responsables
de génocides, marié à son travail au grand désespoir de sa mère.
L’auteure nous dresse toute une
palette de personnages intéressants ; des personnages plus légers, doté d’humour, des personnages forts qu’on ne peut qu’aimer, même si pour certains
les aimer est inimaginable, des
personnages très réalistes que l’on peut croiser au détour d’un chemin. On suit leur évolution, leur observation,
leur but, leur mission et on se prend à tourner les pages sans se rendre compte
du temps qui passe, preuve, s’il en est, que ce livre est un très bon
livre.
Sage en interrogeant Josef va apprendre un fait important.
A partir
de cette révélation, l’auteure place le lecteur du point de vue du tortionnaire, elle nous retrace son enfance, comment et
pourquoi il est devenu cet homme détestable pour finir en vieil homme
respectable et dévoué.
Dans la deuxième partie le lecteur est placé du
point de vue de la victime à travers Minka la grand-mère de sage, déportée à Auschwitz, elle a caché cette partie
de sa vie à sa famille, seule preuve de son passage le tatouage sur son bras. On
la suit, jeune fille innocente qui va perdre toute humanité au gré des
atrocités qu’elle verra ou subira.
La troisième partie c’est le dénouement de l’intrigue, quelle décision Sage va-t-elle prendre ?
Les faits, pourtant passés, ont encore une incidence dans la vie actuelle, comment
l’héroïne va-t-elle assumer le poids du passé ?
Grâce à cette alternance de point de vue, le
lecteur est mis face à son propre questionnement : Serions nous prêt à pardonner l’impardonnable ?
Est-ce que les SS ont-ils été tous mauvais et les Juifs tous bons ? Peut-on
avoir une opinion aussi tranchée ?
Jodi Picoult traite d’un sujet dur, la déportation des juifs pendant la seconde
guerre mondiale, les camps de concentration et toutes les atrocités qui y
régnaient. Le lecteur est entraîné au cœur
de l’intrigue et de la réflexion. La
plume de l’auteure est envoûtante très réaliste, les faits on les lit mais on
les vit nous aussi.
Que ce soit du côté de Josef
ou de Minka, on accompagne la souffrance
des protagonistes, on endure la violence de cette époque, on sent l’odeur
et le malheur des ghettos, on tremble, on a peur, certains passages sont très durs, il est impossible de retenir ses
larmes.
Jodi Picoult n’écrit
pourtant pas un mélodrame destiné à faire pleurer dans les chaumières mais presque un essai tant la réflexion est présente du début à
la fin. Tout en nuance, jamais en force,
graduellement le lecteur lit et se questionne, quelle est la différence
entre justice et vengeance, entre pardon et pitié ?
L’auteure nous ménage grâce à ce récit qui ponctue
le livre, je ne peux pas vous en
dire plus car ce serait trop en dévoiler mais j’ai trouvé très intelligent de la part de Jodi Picoult de se servir de
cette histoire pour que le lecteur puisse souffler, se poser. En début de
livre c’est un peu perturbant, on ne comprend pas d’emblée de quoi il s’agit,
cela pourrait peut-être rebuter certaines personnes car on sort complètement de
l’intrigue principale pour en lire une autre, pour ma part cela ne m’a pas gêné.
La lecture est limpide du début à la fin,
moi qui n’aime pas les changements de narrateur ici j’ai adoré, me positionnant
du côté de Sage, puis de Josef et enfin de Minka, Jodi Picoult m’a complètement immergée dans son roman. Des touches de légèreté, des moments forts
en émotions, des sentiments travaillés avec énormément de justesse et de
précision.
L’auteure
ne nous impose pas son point de vue,
il n’est d’ailleurs pas détectable, non, c’est
au lecteur de se positionner, lire l’inhumanité de l’être humain c’est une
chose, la comprendre c’est une autre étape à franchir. Les avis sont ébranlés, j’ai aimé la façon d’aborder les points de
vue du bourreau et de la victime, ni
tout blanc ni tout noir, on comprend qu’on ne peut pas avoir d’opinion tranchée
sans pousser la réflexion plus loin, que ce soit pour ce génocide ou tout
autre fait d’actualité actuel.
Vous l’aurez compris c’est un roman à lire absolument,
autant pour la fiction, que pour les réflexions qu’il entraine. Un roman sombre mais où règne force et
espoir, un livre qui pousse au débat pour de nombreux points.
Un coup de cœur total
Une lecture que j'ai appréciée mais qui n'est pas un coup de coeur. Je n'ai pas ressenti tant d'émotions que ça et le côté un peu romanesque coupe le tragique. Ca allège forcément le sujet que l'auteur aborde et c'est plus facile pour le lecteur mais du coup ça m'a un peu gâché ma lecture. Quoi qu'il en soit, il est à lire et Jodi Picoult manie très bien son intrigue et sa plume.
RépondreSupprimerJodi Picoult est une auteure que j'aimerais bien découvrir et ta chronique donne vraiment envie de découvrir ce livre :)
RépondreSupprimerAu départ il ne me tentait pas plus que ça mais je dois dire qu'avec ta chronique je reviens en partie sur mon jugement !
RépondreSupprimerJe veux absolument lire ce roman, il a l'air juste génial !!
RépondreSupprimer